Stérile et désespéré, il adopte un singe

Il y a des histoires qui pourraient inspirer des films. Jacques Villageret, vaillant maçon de 42 ans, en a connu des vertes et des pas mûres. En effet, si l’on devait définir le terme « Vie de merde », sa biographie ferait office d’encyclopédie fécale : d’entrée de jeu, il naît en 1971 avec le cordon ombilical planté dans le front. Outre le fait de se retrouver avec une tête de nombril, cette malformation lui vaut une perte de 55% de son intelligence et fait de lui un brave type qu’on apprécie. Mais ce n’est pas tout : lors de sa naissance, le médecin/charpentier Hervé Sanfronthier confond son pénis avec le cordon ombilical absent, ce qui entraine pour notre malheureux un raccourcissement pour le moins drastique du membre spongieux. Par la suite affectueusement appelé « le cyclope asiatique » par ses petits camarades du primaire, le petit Jacques connait un parcours scolaire chaotique. Le seul fait d’armes notoire de ce natif de Saint Antonin du Var fut de terminer 2ème au concours de Trou Du Cul (un jeu de carte très rigolo) de la coopérative bovine du village. Mais le destin s’acharne sur Jacquot tel un morpion sur une couille : le même jour, il apprend qu’il est carrément stérile. Un comble pour cet homme dont l’unique rêve était d’avoir des enfants ! Combattant sans relâche son malheur permanent, Jacques décide d’adopter. Mais (et oui !), encore un problème vient barrer sa route sinueuse et semée d’embuches : les services sociaux le déclarent « inapte à élever un être humain ».

Un homme qui va jusqu’au bout

Désormais habitué des petits tracas de la vie, Jacquot, comme le surnomment ses copains, prend une décision déterminante : « J’ai décidé d’adopter un chimpanzé. Ils ne sont pas reconnus comme étant des êtres humains, et c’est l’animal qui s’en approche le plus. Et puis, quand j’étais petit, j’aimais bien aller au zoo ». C’est par ces mots que notre homme s’adresse aux Antonais durant la grande fête annuelle de la soupe au pistou. Accueillant la nouvelle avec surprise, la communauté antonaise s’est par la suite indignée de cette décision. Leurs craintes, c’est Bernadette Barjotte qui les explicite : « Avec cette union, c’est les droits fondamentaux du singe qu’on dénigre. Imaginez que Mr Villageret fasse un enfant à Mouki [le chimpanzé, NdlR], cela pourrait donner lieu à une nouvelle espèce hybride d’homme-chimpanzé. C’est la porte ouverte sur la falaise qui propulsera l’humanité dans le déclin ». La fondatrice du mouvement « CACA » (Comité Anti Chimpanzés Adoptés) a tenu à ajouter que si cela avait lieu, d’autres personnes pourraient subir la tentation de s’accoupler avec un singe, et que « c’est vraiment n’importe quoi ». Au milieu de toutes ces contestations, quolibets et jets de tomates périmées, l’Espoir vient prendre la main moite de Jacques : Joey Toile, informaticien de 19 ans, a entendu le cri de douleur de Jacquot durant la fête. Fortement ému (et très certainement un peu ivre), le jeune homme décide de créer le site internet Adopteunsinge.com, spécialisé dans les rencontres entre toutes formes de primates. « J’me suis dit que ça pouvait l’aider à Jacquot ! Et puis qui sait, y’en a p’t’être plein, des Jacquot... »

Quoiqu’il en soit, cette affaire est remontée jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat, et un projet de loi va être discuté entre les parlementaires qui posera la question du droit des zoo-adoptophiles. Le débat promet d’être houleux, d’autant plus qu’aucun interprète parlant le chimpanzé n’a été débusqué jusque-là.